70e anniversaire du décès de Mathias Gaasch
L’homme qui était le Feierstëppler
René Link
Il y a 70 ans, le 19 mai 1939, est décédé à Dudelange à l’âge
de 67 ans Mathias Gaasch, ouvrier dans l’usine de sa ville. On
peut dire que Mathias Gaasch est la personne la plus souvent
représentée de notre pays.
conscience
populaire.
Dans
le
catalogue
PRIFIX-
Monnaies
de
Romain
Probst,
cette
pièce
est
décrite
par
le
terme
puddleur,
vocable
indubitablement
anglais,
mais
qui
a
l'honneur
de
figurer
dans
le
Petit
Robert.
En
métallurgie,
le
puddlage
consiste
en
l'affinement
de
la
fonte
moyennant
oxydation
de
la
fonte
liquide
par
brassage
avec
une
scorie
ferrugineuse
dans
un
four à réverbère.
Les pièces du Feierstëppler
Dans
le
paysage
numismatique
luxembourgeois,
la
pièce
du
Feierstëppler
inaugure
une
ère
nouvelle sous plusieurs aspects.
-
Les
pièces
Feierstëppler
de
1924
sont
les
premières
pièces
avec
une
valeur
faciale
en
francs,
ses
prédécesseurs
ayant
été
des
dénominations
en
centimes
seulement.
Ces
pièces
de
1
et
de
2
francs
étaient
destinées
à
remplacer
les
billets
de
mêmes
valeurs
émis
en
1918
et
1919.
Or,
il
faut
savoir
que
le
montant
frappé
en
métal
en
1924
était
de
3
millions
de
francs,
alors
que
le
montant
en
papier
de
1918/1919
(et
démonétisé
en
1925)
avait
atteint
le
double.
Les
3
millions
de
francs
semblent
avoir
été
suffisants
pour
opérer
ce
remplacement,
puisque
la
refrappe
de
la
pièce
de
1
franc
ne
s'est
fait
qu'en
1928
et
celle
de
la
pièce
de
2
francs
n'a
jamais eu lieu.
-
Ensuite,
ces
pièces
sont
les
premières
monnaies
luxembourgeoises
à
être
frappées
en
nickel
pur.
Ce
métal
nouveau
devait
remplacer
le
bronze,
le
zinc
et
le
fer,
métaux
qui
salissaient
vite
et
qui
créaient
rapidement
des
problèmes
d'hygiène
surtout
aux
gros
utilisateurs
de
ces
monnaies,
comme
p.
ex.
les
caissières
et
les
caissiers
des
banques
et
commerces.
Le
nickel,
par
contre,
résistant
à
l'oxydation,
garde
très
longtemps
sa
fraicheur et sa brillance.
-
La
pièce
de
2
francs
de
1924
était
une
pièce
d'une
taille
imposante:
27
mm
de
diamètre
et
10
g
de
poids.
Pour
comparaison:
la
plus
grosse
pièce
actuelle
est
la
pièce
de
2
euros
avec
un
diamètre
de 25,25 mm et un poids de 8,5 g.
Egalement
du
point
de
vue
de
la
technique
En
effet,
en
raison
de
sa
stature
impressionnante,
il
fut
le
modèle
pour
certaines
oeuvres
de
Auguste
Trémont
qui,
pendant
la
première
guerre
mondiale,
créa
à
Dudelange
des
dessins
et
des
tableaux
montrant
la
vie
des
ouvriers
d‘usine
au
travail.
Un
artiste-graveur
belge,
Armand
Bonnetain
a
plus
que
probablement
connu
les
travaux
de
Trémont
lorsqu'il
reçut
en
1924
la
commande
de
l'Etat
luxembourgeois
de
créer
une
pièce
de
monnaie
pour
notre
pays.
Bonnetain,
visiblement,
s'inspira
de
l'oeuvre
de
Trémont
et
ainsi
naquit
l'image
monétaire
emblématique
luxembourgeoise:
le
Feierstëppler
qui
est
vite
devenu l'image monétaire la plus populaire.
Créé
en
1924
pour
des
pièces
de
1
et
de
2
francs,
ce
symbole
de
l‘industrie
lourde
nationale
était
entre
les
mains
des
Luxembourgeois
jusqu‘en
1991.
Pendant
ces
67
ans
furent
produites
29
millions
de
pièces
(de
2
F
de
1
F
et
de
50
cts)
avec les contours de Mathias Gaasch.
Le thème de la sidérurgie
Pendant
la
première
moitié
des
années
20
du
siècle
passé,
la
sidérurgie
nationale,
qui
vient
de
passer
des
mains
allemandes
dans
des
mains
françaises
et
belges,
tout
en
restant
luxembourgeoise,
était
un
sujet
central.
La
figure
dominante
est
Emile
Mayrisch
qui
a
des
visions
bien
en
avance
sur
son
temps:
barrages
sur
l'Our
et
la
Sûre,
usine
maritime
à
Gand,
tous
des
projets
qui
ne
seront
réalisés
que
40
ans
plus
tard.
Il
crée
Columeta,
qui
ouvre
à
la
sidérurgie
luxembouryeoise
les
portes
du
Brésil.
En
1926,
Mayrisch
est
le
promoteur
de
l'Entente
intemationale
de
l‘Acier,
manifestement
un
précurseur de la CECA.
Est-il
étonnant
que
dans
un
tel
contexte
une
nouvelle
pièce
de
monnaie
soit
dédiée
à
cette
industrie
au
passé
si
riche
et
à
l'avenir
si
prometteur?
Le
Feierstëppler
est
d'ailleurs
la
première
(et
la
seule)
pièce
métallique
de
notre
pays
à
suiet
sidérurgique,
après
que
l'industrie
du
fer
figurait
sur
certains
billets
de
la
BIL
et
de
l'Etat.
Cet
ouvier
de
la
Schmelz,
en
train
d'attiser
le
feu
d'un
haut
fourneau,
a
vite
trouvé
sa
place
dans
la
monétaire,
les
deux
monnaies
du
Feierstëppler
de
1924
étaient
des
pièces
remarquables.
Sur
leur
revers
on
peut
lire
,,Bon
pour
1
franc"
(resp.
2
francs).
Elles
sont
les
seules
dans
l'histoire
monétaire
luxembourgeoise
à
porter
une
telle
inscription.
L‘explication
est
la
suivante:
comme
elles
devaient
remplacer
les
bons
de
caisse
de
mêmes
valeurs,
l'arrêté
d'introduction
a
soin
de
préciser
qu'elle
ne
sont
pas
sujettes
à
remboursement.
Or,
le
remboursement
d'un
signe
monétaire
(c.-à-d.
son
échange
en
or
ou
en
argent)
est
la
caractéristique
des
billets.
C'est
pour
cette
raison
que
ces
monnaies
ont
été
parfois
appelées
,,billet
métallique".
Les
Feierstëppler
de
1924
sont
d'ailleurs
les
seuls
billets métalliques de notre pays.
Traces contemporaines de
Mathias Gaasch
Le
25
octobre
2O02,
année
d'introduction
des
billets
et
pièces
en
euro,
la
Banque
centrale
du
Luxembourg
a
inauguré
un
monument
Feierstëppler,
oeuvre
de
l'artiste
luxembourgeoise
Yvette
Gastauer.
Ainsi,
le
mot
„monument˝
prend
deux
sens:
perpétuer
le
souvenir
du
Feierstëppler,
véritable
monument
de
l'histoire
monétaire
luxembourgeoise.
Récemment,
la
Poste
a
mis
en
vente
des
pièces
philatéliques
très
réussies
pour
commémorer
le
75
anniversaire
du
décès
de
Mathias
Gaasch.
Les
deux
vignettes
postales
émises
à
cette
occasion
montrent
l'une,
le
portrait
de
Mathias
Gaasch
et
l'autre
le
Feierstëppler
de
la pièce métallique.
Vignette postale de facture privée produite à
partir d’une photo de Mathias Gaasch prise en
1920/21 par son fils Willy à partir d’une plaque
de verre (perdue)